« Je n’écris pas pour une petite élite dont je n’ai cure, ni pour cette entité platonique adulée qu’on surnomme la Masse. Je ne crois pas à ces deux abstractions, chères au démagogue. J’écris pour moi, pour mes amis, pour adoucir le cours du temps. »
— Le Livre de Sable, Jorge Luis Borges
Pour Jorge Luis Borges, un livre est un prolongement de la Mémoire et de l’Imagination.
Cela s’imbrique parfaitement dans l’idée de la poésie selon Paul Valéry : « Cette hésitation prolongée entre le sens et le son. »
Comme une voie à prendre entre plusieurs possibles. C’est parfaitement labyrinthique, à l’image de l’œuvre de l’écrivain argentin, colossale, insondable, mystérieuse, architecturale.
Et est-ce là la définition de la fiction ? Cette balle qui vient se loger dans l’interstice de la mémoire et de l’imagination, dans cette confluence de la marée des mondes, dans ce sable où s’inscrivent les mémoires qui s’effacent dans le flux des vagues. Jorge Luis Borges nous remonte cette idée perdue : la mémoire est principalement faite d’oublis. Et il y a de nouveau - précisément - ce qu’on a oublié.
L’auteur est un aveugle amnésique et il ne lui reste que des souvenirs non vécus.