#5 Les mots qui sautent
Écrire c'est augmenter d'une perle le sautoir des muses.
— Jean-Paul Sartre - Les Mots
C’est un joli mot qui ne dit pas tout de l’écriture mais dont le pouvoir évocateur est conféré par les muses et les perles.
Les muses, sont les filles de Zeus et de Mnémosyne, la déesse de "la mémoire".
Rockstars de l’antiquité, elles résident sur le Mont Parnasse qui surplombe la cité de Delphes. Aujourd’hui, Parnasse est un domaine skiable qui offre une vue sur le golfe de Corinthe. Ce fût aussi le mouvement littéraire incarné par Théophile Gautier, l’impeccable poète auquel Charles Baudelaire dédia ses fleurs maladives. Et si chacune des muses dispose d’une corde créative distincte connaissons-nous leurs 9 prénoms ? Afin de les ancrer dans notre hippocampe, voici un moyen mnémotechnique :
« Clame Eugénie ta mélodie, terrible et polonaise, uphonie* calculée ! »
Calliope : livre, stylet
Érato : tambourin, lyre
Terpsichore : couronne de guirlande
Melpomène : cor, masque tragique
Terpsichore : couronne de guirlande
Euterpe : flûte, cygne
Polymnie : couronne, orgue
Uranie : compas, globe
Clio : livre, tablette
*Uphonie : contraire de cacophonie ; harmonie de sons heureusement combinés.
Quant aux perles, saviez-vous qu’elles proviennent d’une incision méticuleusement effectuée dans la gonade, organe sexuel de la nacre. Cette opération d’écartèlement maîtrisé permet d’y insérer un greffon, corps étranger provenant d’une nacre d’eau douce. Et cela me fait dériver dans l’océan indien, et je songe à la Vénus noire, muse de Baudelaire ; Jeanne Duval dont on connait peu de choses mis à part que Baudelaire a eu le bon goût de l’installer Île Saint-Louis, au 6 rue la femme sans teste, devenue rue Le Regrattier.
Détail. La jeune fille à la perle. Vermeer 1665